NOVEMBRE : L’IMPÉRIALISME AU SERVICE DE L’ÉCOCIDE

Dans la lignée du communiqué du mois précédent, nous tirons ici le bilan du mois de novembre. Cette période nous montre une fois de plus que l’économie en crise ne peut fonctionner qu’à travers une division internationale brutale et en fait la guerre comme son moteur essentiel. Loin d’être un effet collatéral, la destruction du vivant en cours est le mécanisme central de cette stratégie de survie des puissants à travers le monde qui instrumentalisent les peuples pour prolonger un système en faillite qui détruit l’humanité et la nature.

Alors que les dépenses publiques massives en faveur de l’éducation et de la protection sociale devraient saper la position privilégiée des élites au pouvoir, les dépenses militaires font le contraire. La militarisation favorise toutes les forces réactionnaires. Le point commun entre l’extrême droite et le libéralisme est la notion de guerre. Pour le libéralisme, ce qui compte, c’est la guerre entre les entreprises et entre les individus. Pour l’extrême droite, c’est la guerre entre les races et entre les nations.

L’impérialisme à la française

Le cas français révèle une continuité implacable entre les pratiques historiques de domination et les politiques actuelles de militarisation et de répression. Le passé colonial sanglant n’est pas un simple fait historique, il a donné lieu à une véritable logique idéologique née lorsque la France s’est constituée en tant que monarchie et qui se prolonge de nos jours dans sa forme d’État-nation.

Plusieurs exemples récents illustrent ce continuum idéologique. Pour commencer, les récentes discussions sur les accords d’Alger de 1968 et leur remise en question par le RN à l’Assemblée Nationale, dans la lignée des propositions d’Edouard Philippe en 2023, ont ravivé l’héritage de l’Algérie française. Ces échanges nauséabonds, qui s’inscrivent dans une avancée des idées réactionnaires à l’Assemblée, profitent du climat de tension actuel entre la France et l’Algérie pour revenir sur des droits qu’avaient acquis les algériens après des années de guerre et de régime colonial ultra-répressif.

Depuis le 7 octobre 2023, nous ne comptons évidemment plus les offensives politiques et médiatiques qui ont illustré l’alliance de la France avec des pays génocidaires, à commencer par Israël. Rappelons avant d’énumérer plusieurs exemples qu’en parallèle de cette repression du mouvement palestinien les offensives israeliennes suivent leur cours en Palestine. Première manifestation juridique de cette répression : la multiplication des poursuites pour “apologie du terrorisme” à commencer par le porte-parole d’Urgence Palestine Omar Alsoumi. Il y a un an, Jean-Paul Delescaut alors secrétaire général de la CGT-Nord était également condamné à un an de prison pour le même motif. Il a été relaxé en appel ce 1er décembre. Sur le plan médiatique, la liberté d’expression académique a reçu un grand stop avec la censure d’une conférence sur la Palestine au collège de France suite à une instrumentalisation de celle-ci par des pseudos “universitaires” avant tout réactionnaire et pro-sioniste tel que Pierre André Taguieff. L’union fait la force quand il s’agit de s’opposer à l’émancipation. De la reconnaissance d’un état palestinien légitime de la mer au Jourdain à l’émancipation des femmes, les fascistes et les sionistes tiennent ensemble. Le 28 novembre dernier, lors de la manifestation féministe pour la journée des violences sexistes et sexuelles quand c’est au côté des sinonistes de Nous Vivrons que les fémonationalistes de Némesis ont effectué leurs “happening” alors refoulés par les manifestants.

De l’autre côté du globe, dans les colonies françaises actuelles, le constat est tout aussi préoccupant. Au lendemain des événements de soulèvement populaire en Kanaky, le gouvernement  français a déployé des moyens militaires disproportionnés et procédé à l’incarcération de militants kanak, parfois à des milliers de kilomètres de leur foyer, dans le but d’étouffer le mouvement indépendantiste. Les négociations qui avaient émergé de ce soulèvement, sous l’égide de l’ancien gouvernement avec Manuel Valls dans un rôle de médiateur qui aura permis de lui donner une minable légitimité politique, sont aujourd’hui au point mort. Les accords Bougival proposés par la macronie ces dernières semaines sont caducs car ils ne tiennent absolument pas compte des revendications fondamentales du mouvement indépendantiste.

On peut constater clairement la mise en œuvre d’une politique de recours aux moyens militaires et juridiques de l’Etat pour lutter contre des soulèvements populaires dans ses colonies et contre des mouvements de soutien à des peuples en résistance face à l’impérialisme occidental (qu’il soit européen, américain ou israélien). Couplé à la propagande réactionnaire et pro-militaire des médias des milliardaires, cette politique nous conduit progressivement à la stratégie de l’économie de guerre promue par Macron.

Économie de guerre et double discours

Comme le continuum colonial auquel il est lié, ce glissement s’inscrit dans une tradition historique. L’année 1871, marquée par la répression sanglante de la Commune, a inauguré le recours au contrôle social et militaire par l’État capitaliste face aux crises. Après la destruction de la Seconde Guerre mondiale, 1945 a vu l’émergence d’un État social pacificateur, né d’un compromis pour intégrer et contrôler la classe ouvrière. En 2020 (COVID), l’État a réaffirmé son pouvoir par un contrôle massif et numérique des populations, justifiant aujourd’hui une relance par l’économie de guerre. L’histoire révèle ainsi que l’État répond aux crises en oscillant entre concessions sociales limitées et escalade du contrôle et du militarisme.

Nous l’avons compris, la tendance de la période est à une reprise des tensions internationales, le capitalisme mondialisé à bout de souffle ayant bien besoin d’une guerre mondiale pour se relancer. En réponse à cette montée artificielle des conflits, le gouvernement Macron projette la mise en place d’un nouveau service militaire, justifiée par la menace russe d’attaquer un pays de l’OTAN d’ici 2029. S’il y a bien une chose que Macron aura réussi à faire au cours de ces deux mandats, c’est bien de faire accepter de force à l’opinion publique française, à grands coups de services nationaux (dont le SNU est la forme la plus problématique) onéreux, qu’une remilitarisation de la France était nécessaire. Sans grande surprise, son seul projet pour la jeunesse est de lui mettre des armes dans les mains pour servir de chaire à canon dans des conflits montés de toute pièce. A noter que ces services nationaux sont également justifiés par le gouvernement et ses soutiens d’extrême-droite par leur capacité à pacifier la jeunesse des quartiers populaires complètement diabolisée ces derniers temps sur les plateaux ultra-réactionnaires des médias de Bolloré, pour ne citer que lui. 

Autre exemple notable de ce mois de novembre : la nationalisation partielle d’Arcelor Mittal. Ces derniers temps, la mode était plutôt à la privatisation et à la dérégulation de tout un tas de secteurs (électricité, transports…). Sur le dossier Arcelor Mittal, le gouvernement semble donc faire un pas de côté. Ne nous y méprenons pas, c’est dans une démarche perçue comme un compromis social que le gouvernement avance sur la nationalisation partielle d’ArcelorMittal. Cette initiative s’inscrit clairement dans une perspective d’économie de guerre, l’acier produit par cette aciérie étant vital pour l’effort militaire. 

Dans le même temps, et toujours à Dunkerque, des ouvriersères d’EDF se sont retrouvées encore une fois en première ligne. Comme l’a révélé l’ONG Greenpeace, une cargaison radioactive d’uranium est partie de Dunkerque vers la Russie le mois dernier. La Russie, un pays pourtant désigné comme une une menace militaire, illustre parfaitement la priorité donnée au profit et à l’impératif économique. Ne l’oublions jamais, l’État et les grandes entreprises sont prêts à compromettre le pacte national autour de la menace de guerre au nom de la rentabilité.

La guerre et le vivant 

L’impérialisme et la montée des économies de guerre se préparent donc une nouvelle fois à déchirer l’humanité, au profit des ultra-riches et des puissants. En plus des dégâts humains que cela cause déjà, il nous paraît crucial de montrer à quel point cela nourrit également un écocide déjà bien avancé. 

Qu’il s’agisse de la richesse des sols agricoles ou des minerais stratégiques, ce sont toujours les populations humaines qui se retrouvent en première ligne, transformées en victimes ou en instruments de cette exploitation. Le procès en cours de l’entreprise Lafarge , qui a financé DAESH en Syrie pour maintenir l’accès à son usine de ciment, révèle que cet impératif de profit s’étend même aux actifs industriels en pleine zone de guerre, faisant de ses employés des otages économiques et renforçant les acteurs de la violence au mépris total de la vie humaine.

En Ukraine, où le conflit dépasse largement les enjeux territoriaux pour devenir une guerre de contrôle capitaliste sur les ressources vitales. La lutte acharnée entre le Kremlin et Trump vise l’appropriation du « grenier à blé » mondial et des infrastructures énergétiques cruciales du pays engendrant en parallèle des conséquences écologiques d’une ampleur catastrophique.

Cette même logique prédatrice se répercute avec une violence génocidaire au Soudan, où l’épisode tragique n’est pas un simple conflit civil. Il se révèle être inextricablement lié à la lutte acharnée pour le contrôle de l’or et des richesses minières essentielles tel que  le pétrole, l’uranium, le chrome, le cuivre, le fer et le diamant. 

En Cisjordanie, le colonialisme vise la spoliation des terres et l’effacement des droits. Cela s’est cristallisé ces derniers jours par l’arrestation ciblée des militants de l’Union des Comités de Travail Agricole (UAWC) et l’intensification constante des assauts israéliens. La violence impérialiste s’exprime également par les bombardements incessants d’Israël sur le Liban, maintenant une instabilité chronique propice à l’hégémonie régionale.

Pourtant, la source de cette destruction n’est pas uniquement militaire, elle est structurelle. Comme en témoigne la COP 30 à Bélem au Brésil en novembre dernier, où les plus gros pollueurs mondiaux, mus par les exigences du profit immédiat et non par la survie planétaire, s’avèrent incapable de trouver un accord sur l’arrêt de l’exploitation à outrance des ressources naturelles. Pendant que les négociations piétinent, l’Amazonie continue d’être démembrée, confrontant les peuples autochtones à une résistance vitale contre un système qui sacrifie l’équilibre terrestre pour maintenir son taux de rendement.

L’écologie sociale 

Face à cette mécanique de destruction, la solution ne viendra ni de l’État-nation, ni d’une « croissance verte » illusoire. La solution doit être populaire et radicale. Nous célébrons en ce sens l’anniversaire de l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) situé dans les montagnes du Sud-est mexicain, dans l’État du Chiapas le 17 novembre dernier. Ce mouvement issu des Forces de Libération Nationale (FLN)est un  exemple concret d’autonomie et de construction d’une alternative populaire anti-impérialiste mêlant agriculteur-ices et population native du Mexique, en lutte contre l’appropriation de leurs terres et ressources par les capitalistes et l’Etat mexicain. En nous appuyant notamment sur cet exemple, nous réaffirmons que les peuples sont au premier plan de la guerre et de l’écocide en cours. Ce sont les terres des ouvriers des industries sacrifiées et des peuples autochtones qui sont détruites en premier lieu. 

Pour rompre définitivement avec cette logique mortifère de l’exploitation et de la destruction, il ne suffit pas de nationaliser, car cela ne fait que transférer la propriété des mains d’un oligarque à celles de l’État. L’étape véritablement transformatrice réside dans la socialisation des moyens de production. Seule cette réappropriation par celles et ceux qui produisent la richesse permettra de démanteler la machine impérialiste qui dévaste les humains et la nature.

A ce titre, il est impératif de mettre l’accent sur le modèle des coopératives ouvrières pour garantir que les décisions de production ne soient plus guidées par la maximisation du profit, mais par les besoins sociaux et écologiques. Le contrôle par la base est l’unique voie pour garantir une production respectueuse de la vie. En lieu et place de l’État-nation destructeur, l’avenir doit résider dans le Confédéralisme. Ce réseau horizontal et international d’assemblées communales gérant la production par la socialisation et la solidarité est la seule structure capable d’opposer une éthique à la barbarie impérialiste et capitaliste. Nous l’avons décrite plus en détails dans notre communiqué d’octobre. A travers l’élaboration d’organisation de milice d’auto-défense établie sous le contrôle de leurs assemblées locales et non étatiques pour gérer les conflits mais également des comités de paix pour instaurer un réseau de justice populaire dans nos communes.

Cela passe par la construction d’un rapport de force populaire et l’adoption de stratégies concrètes de décentralisation du pouvoir, à l’image du municipalisme libertaire que nous essayons de mettre en place. 

Pour agir concrètement dès maintenant, il existe de multiples possibilités : 

  • Rejoindre notre groupe lillois pour les municipales 2026 ;
  • Rejoindre notre nouveau groupe lyonnais ou notre groupe des Monts d’Arrée en Bretagne ;
  • Participer à la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions partout en France et même à l’international ;
  • Participer à la campagne Guerre à la Guerre ;
  • Consommer local et en soutenant des produits militants des peuples en lutte à la coopérative de Ménilmontant pour les habitant-es de Paris ou dans tous les autres commerces militants de ce type.

C’est l’articulation de toutes ces luttes qui renforcera notre rapport de force.

Le choix est clair : continuer de financer la guerre au service de l’écocide, ou bien prendre les moyens de notre futur en construisant notre autonomie à travers l’écologie sociale et le municipalisme libertaire.

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