
Le 31 août 2024 à Cappelle-La-Grande, Djamel Bendjaballah, 43 ans et père d’une fille de 10 ans, est assassiné par Jérôme Décofour qui le percute en voiture, lui roulant ensuite deux fois dessus en marche avant puis en marche arrière.
Jérôme Décofour niera les accusations de préméditation jusqu’à aujourd’hui, invoquant un accident totalement involontaire. Pourtant, Djamel était depuis plusieurs années en couple avec l’ex-compagne de Jérôme Décofour. Ce dernier s’était déjà montré hostile à son égard. Cible d’un harcèlement raciste et islamophobe, menacé et intimidé, Djamel avait porté plainte 3 fois auparavant, évidemment classées sans suite.
De son côté, Décofour était sans nulle doute un militant d’extrême-droite, membre du groupe « Brigade Française Patriote » et détenteur chez lui d’un arsenal d’armes à feu et d’explosifs.
Ces faits sont d’une gravité inouïe. Ils sont la preuve que le racisme fait de nos jours bien plus qu’inonder radios, journaux tv et réseaux sociaux, imposant dans tout le débat public son verbiage nauséabond et ses amalgames malsains.
Des personnes tout à fait intégrées en apparence, parfois très jeunes, rejoignent chaque jour des réseaux nationalistes, identitaires, royalistes, néo-nazis…
Elles s’informent, s’entrainent et se préparent à une supposée guerre civile contre tout ce qui n’est pas blanc, comme c’est le cas de la Brigade Française Patriote.
Autre exemple sinistre et d’actualité, les militants d’AFO (Action des Forces Opérationnelles), un groupe suprémaciste blanc qui prévoyait des attaques contre des musulman·es il y a 8 ans, passaient en jugement du 10 au 27 juin dernier. L’AFO a été démantelée en juin 2018 après infiltration de la DGSI, entraînant des perquisitions révélant un arsenal d’armes et d’explosifs.
Nous pensons également au meutre d’Aboubakar Cissé au sein d’une mosquée et aux revendications ouvertement islamophobes de son meurtrier sur les réseaux sociaux.
Ces tentatives et passages à l’acte, s’il faut encore le répéter, ne sont ni des faits divers ni des cas isolés : entre 2010 et 2020, 38 attaques terroristes d’extrême-droite dans 11 pays ont fait 243 mort-es et 500 blessé-es.
Quelle réaction médiatique, politique et judiciaire ? Quasiment rien à part quelques élus de gauche.
Le bloc bourgeois, sauce Chirac, Sarkozy ou Hollande, avaient déjà beaucoup travaillé à l’installation de l’islamophobie ambiante ces 30 dernières années.
Le climat délétère que l’on connaît aujourd’hui est explicable par de nombreux coups d’accélérateur donnés par ces gouvernements successifs.
Nombre d’entre eux ont été donnés par le PS, au pouvoir en 2015, avec les mesures d’état d’urgence utilisées pour perquisitionner sans motif des musulman·es, des militant·es écolos , la proposition de déchéance de nationalité pour les bi-nationaux et tout une panoplie de mesures ultra-sécuritaires et répressives.
Celles-ci ont plus tard servi à réprimer les mouvements sociaux, mais aussi à dissoudre sous Macron, lui aussi issu du PS, des associations musulmanes, puis des organisations militantes luttant contre les violences d’extrême droite. Aujourd’hui au moins, l’alliance entre bloc bourgeois et bloc fasciste est claire.
Pendant qu’un collectif homonationaliste était autorisé à défiler à la Pride de Paris protégé par des CRS avec le soutien de Retailleau, la famille Bendjaballah se retrouvait avec ses soutiens ce samedi 28 juin à Dunkerque pour réclamer une reconnaissance du caractère raciste de cet assassinat par la juge du parquet de Dunkerque, qui refuse cette caractérisation jusqu’à aujourd’hui.
Même si cela ne suffira pas à mettre à mal les logiques systémiques qui produisent ces crimes racistes, cette reconnaissance ouvrirait la porte à une condamnation à perpétuité.
Ces agressions, insultes, intimidations et meurtres doivent cesser. Il en va de la survie de ceux et celles qui en sont les premières victimes, les personnes arabes et noires. Nous ne pouvons pour cela rien attendre des ordures qui nous gouvernent. Ni de la justice prompte à condamner le moindre acte de défense antiraciste ou encore de la police qui applique avec zèle ce que les deux premiers lui dictent quand elle ne commet pas directement elle-même des agressions racistes.
Il nous faut nous organiser maintenant, à la base et sans concession, pour nous défendre collectivement et prendre à bras le corps notre sécurité.
Pour une autodéfense populaire antiraciste, passons à l’Offensive !