La réforme des retraites à venir, vers toujours plus d’inégalités et de pauvreté

Les contours de la réforme des retraites doivent finalement être annoncés par la première ministre le 10 janvier après un report de quatre semaines. Ce report lui a permis d’éviter les fêtes de fin d’année dans un contexte déjà explosif de grèves sectorielles qui débordent les syndicats. 

Il lui a également offert l’opportunité de se poser comme artisan du dialogue social en recevant le patronat et les syndicats pour des consultations, démarche dont on ne doute pas de la sincérité lorsqu’on a à l’esprit la réforme de l’assurance chômage.

Pourtant, tous les syndicats – même ceux dits réformistes, c’est-à-dire les plus habitués à se compromettre avec l’exécutif au détriment des travailleurs – annoncent être contre cette réforme. 

Cela s’explique par l’hostilité de la majorité des français à cette dernière : 68% souhaitent le retour à l’âge légal de départ à 60 ans (IFOP). Et seuls 25% des employés/ouvriers soutiennent cette réforme, montrant leur conscience de son caractère inégalitaire et antisocial.

Les arguments qui justifieraient la réforme :

Le régime serait financièrement insoutenable

C’est faux : le  Conseil d’Orientation des Retraites estime que les déficits projetés sont de l’ordre de 10,7 milliards en 2027, ce qui n’est pas un problème en soi. En comparaison, les aides publiques aux entreprises (sans contrepartie) ont augmenté de façon exponentielle pour atteindre plus de 200 milliards en 2021.

Le gouvernement le sait très bien puisque la réforme du système des retraites a vocation à limiter le déficit structurel qu’il a lui-même dégradé : baisse de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (8 milliards), baisse de la taxe d’habitation, etc. (PLF 2023).

Ainsi, le déficit n’est pas problématique du fait de son montant, mais il est possible de le réduire sans réforme des retraites, par exemple :

  • en réduisant les exonérations de cotisation employeur,
  • en augmentant les cotisations salarié sur le salaire brut,
  • en augmentant les cotisations au dessus du plafond de la Sécurité Sociale,
  • en taxant les dividendes,
  • et tout simplement en augmentant les salaires.

L’allongement de la durée de vie justifierait que l’on travaille plus longtemps

Tout d’abord, l’augmentation de l’espérance de vie a fortement ralenti sur la période récente : elle ne progresse plus que d’un mois par an.  De plus, l’espérance de vie est une moyenne qui masque des écarts importants entre les genres et les classes sociales : un ouvrier vit en moyenne sept ans de moins qu’un cadre.

Elle dissimule également les conséquences des conditions de travail et de leur pénibilité sur la santé. En 2019, l’espérance de vie en bonne santé à la naissance est de 64,6 ans pour les femmes et de 63,7 ans pour les hommes (INSEE). Un cadre peut espérer passer 75 % de sa retraite en bonne santé tandis que ce n’est que 25 % pour un ouvrier.

Le report de l’âge de départ augmenterait le taux d’emploi des seniors

Si la partie de la population qui le peut restera en emploi à la suite de la réforme afin de maintenir son niveau de vie lors du passage à la retraite, cela concernera majoritairement les cadres et fonctionnaires dont l’activité n’est pas trop pénible. Les autres seront exclus de l’emploi par les employeurs ou du fait de leur santé et subsisteront au chômage, au RSA ou en invalidité : moins de 28 % des ouvriers sont encore en activité à 61 ans contre 61 % des cadres (Dares, 2022). Les femmes seront également pénalisées à cause de leurs carrières plus fragmentées alors que leurs retraites sont déjà inférieures de 40 % à celles des hommes. 

Le véritable objectif du gouvernement est de réduire la durée des pensions et leur montant (du fait de l’augmentation des périodes de précarité). Si certains parviennent à maintenir le montant de leur pension, ce sera au coût de la réduction de leur durée accompagnée d’une hausse des montants cotisés. Cette double baisse incitera ceux qui en ont encore les moyens à recourir à des formes de retraite par capitalisation privée qui viendront alimenter fonds de pension et autres assurances, contribuant plus encore à la financiarisation du monde, réduisant la redistribution, et dégradant les intérêts de classe de ceux rendus dépendants de la finance pour assurer leurs vieux jours. 

Pile je gagne, face tu perds.

Cette réforme des retraites est une forme à peine renouvelée de lutte des classes en faveur des capitalistes et soutenue par l’État. 

Les capitalistes détruisent nos vies, notre environnement et notre santé, reprenons le pouvoir sur nos lieux de travail, nos lieux de vie et la Sécu. Pour une vraie réforme des retraites : travaillons tou·tes moins et mieux, PASSONS À L’OFFENSIVE !

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