Jeux Olympiques : des nouvelles de la « grande fête populaire »

Alors que les JOP de Paris 2024 débutent partout en France et que la cérémonie d’ouverture s’est tenue il y a quelques jours, il nous semble important de faire le point sur leurs importants coûts sociaux, environnementaux et les dérives sécuritaires qu’ils engendrent.

Créés en 1870 par le baron Pierre de Coubertin pour “populariser” le sport, les jeux olympiques ne sont qu’un énième exemple d’institutions racistes et machistes occidentales puisque d’emblée les femmes et les habitant-es des colonies en ont été exclu-es. Comme toute compétition internationale, elle participe à exacerber les nationalismes et est un instrument de soft power extrêmement important, à tel point que toutes les grandes puissances occidentales se disputent leur organisation. Macron en profite d’ailleurs pour dérouler le tapis rouge à plusieurs dirigeants autoritaires et ultralibéralistes comme Javier Milei ou carrément génocidaires comme Isaac Herzog ou Benjamin Netanyahou. 

En particulier, ces JOP de 2024 devaient être une promesse d’héritage social et d’inclusion, comme le prouve le slogan “Léguer une société plus inclusive après les jeux”, ainsi que le premier exemple de JO “verts”. Il n’en sera rien. Malgré de multiples sollicitations des associations d’action sociale et environnementale qui attendaient de vraies mesures pour limiter les impacts désastreux des JOP, le gouvernement et les collectivités impliquées ont trahi leurs promesses et menti sur leurs actions. La réalité est bien différente de leurs discours. 

Réalité sociale : une occasion de dégager les indésirables

Il était d’emblée évident que l’”inclusivité” promise n’allait pas concerner certaines catégories de la population. Les athlètes musulmanes se sont ainsi vues refuser le droit de porter le foulard, à l’encontre des recommandations du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme. Deuxième exemple : le prix des places complètement prohibitifs qui exclut d’entrée de jeu(x) une grande partie de la population qui par la même occasion, sans même participer aux JOP, va subir de multiples désagréments notamment en termes de déplacements dus à la surpopulation temporaire des villes où sont organisées les épreuves et à la gentrification que cela entraîne. La seule solution pour voir les épreuves gratuitement était d’être bénévole, c’est-à-dire se faire exploiter sans salaire à une cadence infernale toute la durée de l’événement. Mais il y a bien pire, les JO sont bien souvent une occasion d’accentuer un nettoyage social de l’espace public dans les villes où ils ont lieu.

Le “nettoyage social” des grandes villes françaises, très présent à Paris, a commencé il y a bien longtemps déjà. Il a pour double objectif de disperser les populations les plus précaires en évitant la formation de lieux de vie informels visibles dans l’espace public et d’éloigner ces populations hors des villes, le plus loin possible. Les JOP représentent une occasion rêvée pour accélérer ces logiques d’invisibilisation et de maltraitance des plus précaires et cette édition ne manque pas à l’appel. 

Selon le collectif inter-association “Le Revers de la Médaille”, le nombre d’expulsions et le nombre de personnes qu’elles ont concernés a drastiquement augmenté pendant la période de 2021 à 2024 avec des opérations dont les rapports mentionnent directement une invisibilisation de certaines populations vis-à-vis des visiteur-euses des JO. Par ailleurs, 3 000 places d’hôtel social ont été supprimées en 2023 en Île-de-France, dont la moitié en Seine-Saint-Denis, tandis que seulement 300 places supplémentaires au 115 sont annoncées comme “héritage social”. Sur ces 300 places destinées exclusivement aux personnes isolées en situation de rue installées dans les périmètres JO, seulement 73 places sont à ce jour occupées. Enfin, le système des SAS d’accueil temporaire, dont tout prouve qu’il est désastreux pour les personnes expulsées des grandes villes et qu’il ne fonctionne qu’à la moitié de sa capacité a été prolongé jusqu’à après les JOP. Le maintien de ce système est dramatique pour les personnes expulsées qui se retrouvent loin de leur ville d’arrivée, coupée de tous leurs premiers contacts et aides et donc bien souvent sont remises à la rue après des démarches infructueuses. 

A Lille également, l’expulsion des personnes des habitats précaires du parc Matisse, sans qu’aucune solution de long terme n’ait été déployée auparavant, est en lien direct avec le “nettoyage” de la ville avant l’arrivée des spectateur-ices des JOP 2024. 

En parallèle, des personnes sans-papiers ont été employées pour construire les édifices qui vont être utilisés pendant la cérémonie. Les personnes exilées ont donc le droit d’être exploitées pour un événement et en même temps d’être expulsées de leur lieu de vie pour ne pas en perturber le déroulé. 

Réalité environnementale : un vernis communicationnel pour un désastre à venir

En plus d’être une casse sociale à grande échelle, les JOP 2024 constituent, sans grande surprise, également un désastre environnemental. Des efforts ont pourtant été promis en matière de réduction des impacts avec une stratégie climatique construite en amont de l’événement, notamment via l’utilisation de constructions déjà existantes ou temporaires ou la préparation de repas au plus faible impact carbone possible. Une communication autour de termes comme “neutres en carbone”, “climate positive” a également été largement déployée. 

Malgré cela, à titre d’exemples : 

  • 1,5 millions de tonnes seront émises lors des JOP 2024, soit autant que 150 000 français-es pendant un an ;
  • Les stratégies de transport des voyageurs et d’achats non-alimentaires (goodies notamment) n’ont pas été inclus dans la stratégie climatique alors qu’ils constituent les postes les plus importants d’impact carbone ;
  • Aucun critère climatique n’a été utilisé pour la sélection des sponsors. On trouve dans les organisations sponsors des entreprises dévastatrices pour l’environnement : ArcelorMittal, AccorHotels, Air France, Danone, Saint-Gobain, Vinci… 

Réalité sécuritaire 

Enfin, dans un pays dont la situation politique et sociale est plus que tendue, il semblait complexe d’organiser ces JO sans un arsenal policier et militaire sans précédent. A Paris, 45 000 policiers, 18 000 militaires et 20 000 agents de sécurité privée dont des membres de polices et armées étrangères seront déployés chaque jour accompagnés de drones, de milliers de barrières, de périmètres de sécurité uniquement accessible via un QR code et de stations de métro fermées. Rarement la capitale aura connu un tel verrouillage sécuritaire. A Lille, ce sont 2 000 gendarmes et policiers, 420 militaires et 1100 agents de sécurité privée qui seront déployés toute la durée des JO avec l’intégralité des chambres correctionnelles du tribunal ouvertes pour faciliter les comparutions immédiates. Grande exclusivité de cet événement déployée partout en France : un dispositif de vidéosurveillance automatisée avec notamment une fonctionnalité de reconnaissance faciale. La répression a d’ailleurs bien débuté avec des militants d’Extinction Rebellion placés en garde à vue pour avoir collé des stickers dans des stations de métro parisiennes. 

Il est évident que ces mesures sécuritaires ne sont que le prolongement de toute une stratégie proto-fasciste du gouvernement Macron et de ses alliés d’extrême-droite pour verrouiller le pays et le faire basculer progressivement vers un régime autoritaire. Il est fort probable qu’un certain nombre de mesures prises pendant les JO, de la même manière qu’après la crise sanitaire du Covid, soient prolongées voire fixées dans la loi. 

L’héritage des JO sera sécuritaire et pas “inclusif” ou “social” comme voudrait nous le faire croire la clique de pyromanes au pouvoir. 

Perspectives

Face à ce constat, il nous est vital de réagir. 

Les JO d’hiver de 2030 viennent d’être attribués à la France sous conditions, il est en notre capacité de déclencher un mouvement social sans précédent pour les faire annuler. Les JO de Denver de 1976, après avoir été attribués à la ville, ont été annulés suite à un référendum organisé sous la pression de la population et des Premières Nations, la population native, qui considère que le territoire de la ville leur a été volé et qu’il est actuellement occupé par l’état américain et ses représentant-es occidentaux-ales. Les puissants ont besoin de nous pour organiser ce type d’événements, faisons pression sur eux pour leur imposer nos conditions ! 

A plus long terme, nous pouvons construire une image du sport qui soit respectueuse socialement et environnementalement. Elle impliquera forcément une relocalisation ou une régionalisation des compétitions internationales, pour limiter les trajets en avion et la surpopulation temporaire que les JO entraînent à chaque édition dans les villes où ils ont lieu. Avant cela, il nous faut nous rassembler autour d’un projet de société qui nous rende le pouvoir, grâce à des assemblées populaires locales qui fassent entendre nos voix à travers la démocratie directe et à des logiques de production qui nous fassent sortir du capitalisme comme celles des structures coopératives. 

Il n’y a pas d’alternative, passons à l’offensive !

Sources :

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