Communiqué – “Ça ne tient plus”

En cette période de fragilisation du secteur associatif, nous affirmons notre plein soutien aux associations en lutte pour la défense de leurs missions d’intérêt général, de leurs salarié·es et de leurs valeurs.Le samedi 11 octobre, nous étions présents à la manifestation “Ça ne tient plus” aux côtés des collectifs, syndicats et acteurs du monde associatif des Hauts-de-France. Parmi nos militant·es, plusieurs travaillent dans ces structures. Chaque année, les subventions diminuent, les missions se multiplient et les conditions de travail se dégradent.
Les associations, pourtant piliers de l’intérêt général, sont maintenues dans une précarité organisée. Leur parole, issue du terrain, illustre la réalité d’un secteur à bout de souffle mais toujours debout.

Constat alarmant dans les Hauts-de-France

Dans notre région, 45 % des subventions attribuées sont en baisse, selon l’Observatoire Régional de la Vie Associative, et une association employeuse sur trois dispose de moins de trois mois de trésorerie pour continuer à fonctionner. L’ORVA souligne également que près de la moitié des structures n’ont aucune visibilité sur le renouvellement de leurs financements, ce qui rend toute planification à long terme quasiment impossible. Le Département du Nord a annoncé fin 2024 une baisse moyenne de 25 % des financements d’un secteur pourtant essentiel à la cohésion sociale.  Ces décisions mettent en péril des équipes entières, des missions d’utilité publique et la continuité même du travail de terrain.Pendant ce temps, 211 milliards d’euros d’aides publiques sont versés chaque année aux entreprises en France — sans contrôle, sans conditions sociales ni écologiques, et sans qu’on puisse démontrer d’impact réel sur l’emploi ou la transition.  Cet argent public, capté par une minorité d’intérêts privés, alimente l’accumulation de capitaux par une caste, pendant que les associations doivent se battre pour quelques milliers d’euros de survie.

Un système à bout de souffle

Sous couvert d’“efficacité”, les financements publics sont désormais distribués à travers des appels à projets compétitifs, obligeant les associations à se mettre en concurrence les unes avec les autres.
Cette logique absurde détourne les structures de leur mission première et empêche toute coopération durable.

À la baisse des budgets s’ajoutent des décisions tardives et des versements différés. Les structures démarrent leurs projets sans savoir si les financements suivront, parfois plusieurs mois après le lancement des actions. Cette incertitude permanente empêche toute vision à long terme, fragilise les équipes et dégrade la qualité des actions menées.

Le monde associatif est devenu le partenaire à tout faire d’institutions publiques en retrait, tout en étant enfermé dans une logique de rentabilité et de performance inspirée du privé. Les associations consacrent désormais une part considérable de leur temps à remplir des dossiers, produire des indicateurs, justifier des évidences. Chaque heure passée à cette paperasse, c’est une heure perdue pour le terrain. Pendant que les tableaux Excel s’accumulent, la crise sociale et écologique, elle, n’attend pas.

Dans de nombreuses associations, derrière chaque mission, il y a des personnes. Des collègues en burn-out, des salarié·es qui tiennent à bout de bras des projets jusqu’à l’épuisement, des équipes entières qui n’ont plus la force de lutter chaque année pour leur propre survie. C’est la réalité d’un secteur porté par le sens, mais épuisé par le système.

En bonne structure de la start up nation, on demande aux associations d’adopter des “business models” alors que nos actions répondent à des besoins humains, sociaux et écologiques, pas à des logiques de marché.

Le vivant n’a pas de business plan.

Pire encore, face à la raréfaction des financements publics, certaines structures fragilisées peuvent être tentées d’accepter des fonds privés porteurs d’idéologies réactionnaires, comme ceux issus de la galaxie Pierre-Édouard Stérin.
C’est une menace directe contre l’indépendance et les valeurs démocratiques du tissu associatif.

Et même quand il y a de l’argent public, il est trop souvent orienté vers des projets de prestige, des événements vitrines tels que Lille 3000 qui servent davantage la communication politique que l’intérêt général. Ce modèle mis en place par la mairie socialiste de Lille verrouille le milieu associatif local bien plus largement que dans le seul monde culturel, reproduit des logiques de dépendance et de contrôle, et empêche l’émergence d’initiatives réellement autonomes.

Pour que ça tienne autrement : communalisme!

Les élu·es le savent : le système ne tient plus. Derrière les discours sur la rationalisation et la performance, c’est l’intérêt général qui s’effrite. L’urgence n’est plus à la gestion technocratique, mais à des décisions légitimes, construites par les premiers et premières concerné·es, capables de redonner souffle au tissu associatif.

Il faut rompre avec cette gouvernance fermée, fondée sur les réseaux d’influence, pour réaffirmer une gestion transparente et démocratique des fonds publics, tournée vers les besoins des habitant·es et la vitalité du tissu associatif de terrain.

Face à l’asphyxie organisée du secteur, une autre voie est possible. Une voie qui repose sur la démocratie directe, la coopération locale et la mise en commun des moyens d’agir : le communalisme.

C’est dans les territoires, les communes et les collectifs que doivent se reconstruire les conditions d’une autonomie solidaire. C’est là que peuvent se relier les luttes, se mutualiser les forces et se redonner du sens à l’action collective.

Et c’est aussi par la construction d’un double pouvoir que cette transformation prendra corps : en faisant des associations, des coopératives et des collectifs d’habitant·e·s de véritables services publics parallèles, gérés démocratiquement par celles et ceux qui y participent.
Ce double pouvoir, c’est celui qui s’organise dès maintenant, par et pour les habitant·e·s, à travers des pratiques concrètes de démocratie directe.L’Offensive œuvre à faire vivre cette écologie sociale et cette gouvernance par la base,
dans la perspective d’un pouvoir populaire local et concret.

Les associations tiennent encore,  mais à quel prix ?

Les travailleurs, travailleuses et bénévoles associatifs s’épuisent, pendant que l’État se désengage et que le privé et les charognards avancent leurs pions.Alors oui, ça ne tient plus.
Mais pour que ça tienne autrement, passons à l’Offensive!

*Alors qu’on terminait notre communiqué, Mediapart révèle que l’État fait passer des demandes de subventions associatives au crible des renseignements territoriaux. Censurer les militantes, financer les dociles : contrôle politique, asphyxie budgétaire. Soutien total aux assos en lutte!

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