Après la tourmente d’octobre : quelles perspectives ?

Sans surprise, les institutions ultra présidentialistes ont échoué. L’heure est au bilan et aux propositions d’alternatives politiques concrètes pour une société réellement démocratique, féministe et écologiste. 

Situation politique en France : aussi affligeante que logique 

Macron, le pyromane désormais lâché par ses plus fidèles larbins,s’enfonce dans une crise politique dont il est l’instigateur. En cavalier seul, il s’entête à coup de remaniement successifs dont le but n’a jamais été de répondre aux besoins démocratiques et sociaux du pays mais de maintenir le train de vie des sangsues qu’il sert. Cette crise politique qui a mené à la dissolution de l’assemblée nationale en juin 2024 et dont le Nouveau Front Populaire est sorti avec une courte majorité , la Macronie continue de se replier sur elle-même en niant l’existence  d’une gauche institutionnelle. Malgré ça, en bons serviteurs des intérêts de la bourgeoisie, le PS et ses alliés (les Verts et le PCF), tentent coûte que coûte de maintenir le système en place. Avec leur bilan catastrophique pour le plus grand nombre, illustré par de multiples échecs électoraux, ils savent que n’importe quel changement dans le rapport de force détruirait leur existence politique à part entière. Ils sont donc condamnés à continuer dans la lignée de leur prédécesseur Hollande et Valls a déroulé le tapis rouge aux ultra-libéraux en s’associant au gouvernement Lecornu 2.

Derrière ces revirements absurdes, on comprend bien que le jeu électoral est enrayé en attente des élections de 2027. En attendant, nous ne comptons plus le nombre d’attaques envers la santé et l’éducation ou encore le secteur associatif au nom de politiques austéritaires. Ces secteurs, pourtant vitaux, sont en asphyxie totale et leurs travailleur-euses se demandent encore combien de temps cela va tenir dans la configuration actuelle. Cette vingtième année de commémoration pour Zyed Benna et Bouna Traoré se déroule dans un climat délétère. L’État, dans un continuum colonial assumé, intensifie la répression dans les quartiers populaires et s’en prend ouvertement aux personnes racisées. Ce racisme d’État historique est d’autant plus encouragé par les discours racistes et ultra libéraux d’extrême droite. Sans plus avoir besoin d’être un minimum discrets, ils ont contaminé les médias dominants comme les discours politiques de ceux qui s’affirment, tout satisfaits d’eux-même, comme raisonnables et modérés. 

Par ailleurs, la droite et l’extrême-droite, difficilement différenciables,s’organisent ouvertement et s’abreuvent de ce climat pour diviser la population. Bruno Retailleau tente en vain d’être le leader de cette alliance entre LR et le RN. Cette tant souhaitée “Union des Droites” s’opère évidemment au profit des figures de l’oligarchie comme Vincent Bolloré et Bernard Arnault qui ont tout intérêt à voir cette alliance accéder au pouvoir : dérégulation, cadeaux fiscaux et musèlement des mouvements sociaux dans un intérêt de classe ouvertement assumé. Ceux-ci vont pouvoir se déchaîner contre la population, nous asservir et nous exploiter toujours plus, à commencer par les plus précaires et les personnes racisées. Pendant que des milices de fachos ou néonazis pourront tabasser à tout va les mêmes racisé-es ou membres de la communauté LGBTQIA en toute impunité. 

Situation internationale : ça craque de partout 

La situation internationale est non moins reluisante. Le président des États-Unis, qui tente d’apparaître comme un artisan de la paix à Gaza, déploie une politique intérieure conduisant le “phare du monde libre” sur la route du fascisme historique. Il consacre l’alliance de classe entre son gouvernement et la Silicon Valley, incarnant un techno-féodalisme répressif. Les conséquences sont dévastatrices : des opérations de l’ICE aux expulsions massives, en passant par la répression des antifascistes. Sa récente incitation des hauts-gradés de l’US Army à se préparer à combattre un « ennemi intérieur » fabulé le 30 septembre dernier est d’ailleurs un appel non dissimulé à la guerre civile. 

L’admiration d’une large frange de la droite française pour cette dérive, symbolisée par leur soutien à des figures comme Charlie Kirk, révèle une dangereuse affinité avec ce tournant fasciste. De même, la glorification par cette administration des accords de paix au Proche-Orient n’est qu’un écran de fumée. Issu du principal soutien du régime sioniste, cet accord n’est qu’un outil de continuité néo-coloniale qui sert les intérêts des États impérialistes, dont Israël, et l’économie de guerre, trahissant toute exigence de justice internationale et de liberté pour la région.

Le cataclysme écologique suit son cours avec l’ouragan Melissa en tuant sur son passage au moins vingt personnes en Jamaïque, République dominicaine, au Panama et surtout en Haïti dont l’intensité record est directement liée à la surchauffe planétaire. Cet ouragan frappe de plein fouet les États insulaires pourtant responsables de seulement 1 % des émissions mondiales. 

Parallèlement, la non-gestion politique de l’écocide en cours est illustrée à la perfection par la situation à Valence en Espagne. Un an après des inondations meurtrières, les élus n’ont pas changé de logiciel. Au lieu de revoir le modèle de développement, ils continuent d’autoriser des projets d’urbanisation en zones inondables, même pour des infrastructures sensibles comme des collèges. C’est un exemple de plus que l’idéologie bourgeoise ignore les rapports scientifiques préconisant la réduction de l’urbanisation des zones à risque et privilégie l’extension autoroutière et le développement économique au détriment de l’environnement.

Heureusement, la période que nous traversons est également marquée par des mouvements de révolte et de résistance conséquents. Pour exemple, la tant décriée “Génération Z” de nombreux pays  transforme son indignation face à la corruption en un vaste mouvement de contestation libre et autonome. Cette jeunesse se mobilise activement, s’organisant via les réseaux sociaux pour des causes diverses : de la protestation contre les coupures de services vitaux à Madagascar à la lutte pour la liberté d’expression face à la censure au Népal, sans oublier les revendications pour les droits à la santé et à l’éducation au Maroc. Le mouvement étudiant serbe illustre parfaitement cette aspiration en organisant des assemblées fondées sur la démocratie directe (1 personne = 1 voix) partout dans le pays. Que cela soit sur Discord ou à l’appel de syndicats comme en Italie, les travailleurs débrayent plusieurs jours de suite et entrent en lutte. Au niveau de l’ampleur ou des revendications, tout cela ressemble fort à un remake du Printemps des peuples de 1848 ou d’une année 1968.  

Ces exemples confirment une chose : la crise politique mondiale n’ouvre pas que la voie aux fascistes, mais révèle un désir profond et actif d’alternatives démocratiques pour sortir de l’ornière capitaliste.

Les syndicats et la gauche molle en France qui jouent contre le mouvement du 10 septembre

Pendant ce temps en France, devant la force de ces mobilisations, les médias et les politiques (en particulier les socio-démocrates) essayent de les minimiser. Pour les invisibiliser, on nous assomme avec la peur de la montée du fascisme (manifestation raciste à Londres, panique morale au USA…). Et alors que tout est prêt  pour qu’on fasse respecter nos vraies traditions nationales, la grève, la jacquerie, la barricade… L’intersyndicale n’est plus à la hauteur et sa bureaucratie a enrayé le mouvement du 10 septembre, pourtant prometteur, en formulant des attentes auprès d’un gouvernement qui ne tient qu’à coup de réformes austéritaires. Réunis autour du premier ministre, macroniste de la première heure, les syndicats ont mené des discussions que l’on ne leur a pas demandé de mener. Trop occupé à bavasser et à fêter ses 130 ans, la CGT n’a toujours pas trouvé le bouton rouge de la grève générale, ils le cherchent depuis le 1er décembre 2018… 

Et ce n’est pas nouveau. De 1968 à nos jours, les Centrales ont joué un rôle antirévolutionnaire indéniable. 

L’échec de la classe ouvrière française au tournant des 20e et 21e siècles réside dans le détournement du PCF et de la CGT par des dirigeants réformistes. Cet abandon a privé les travailleurs d’une direction digne de leurs aspirations radicales, les laissant orphelins face à l’urgence sociale et climatique. Le syndicalisme, sous sa forme actuelle, est obsolète. Son mode d’organisation (par branche/entreprise) exacerbe la division des travailleurs et nourrit l’individualisme. Il a créé une petite oligarchie de délégués qui privilégient leur statut de « négociateur » plutôt que l’objectif fondamental : la prise du pouvoir sur le capital. Les syndicats ont perdu leur fonction de « mortier unificateur » de la classe ouvrière, contribuant à l’éclatement des collectifs. Le manque de dialogue, l’éclatement sont le terreau de l’individualisme et par extension du repli sur soi.

De plus, la défense de certaines productions pour la préservation de l’emploi de quelques- un.es se fait au détriment de la santé de beaucoup d’autres et de la sécurité climatique de toutes et tous. Il est illusoire de penser qu’un jour ou l’autre n’importe quel syndicat soit en mesure de mettre en œuvre ne serait-ce qu’un point de la charte d’Amiens.

Les  bureaucrates syndicaux et socialistes vert, rose et rouge sont volontairement ou non (ne jamais mettre sur le compte de la méchanceté ce qu’on peut expliquer par la bêtise) les alliés des ennemis de l’émancipation du peuple, des peuples opprimé.e.s. 

Ne nous y méprenons pas, les Tondelier, Roussel, Brossat, Faure, Deslandes, Vicot, Delga, et autres Binet, ne sont pas que lâches, ils sont aussi foncièrement bêtes. Assez bêtes pour se transformer régulièrement en rhinocéros. Ces prétendus défenseurs de l’émancipation tentent de conserver leur visibilité en se réclamant, entre autres, du féminisme. Mais en s’attaquant uniquement aux formes superficielles de la domination, ils croient mener la lutte alors qu’ils en ignorent les fondements. Leur alliance politique avec les libéraux ne change rien à la réalité de l’oppression patriarcale — elle la renforce même, puisqu’elle les conduit à passer sous silence les causes profondes du capitalisme et du patriarcat qu’il engendre. Leur absence de position claire sur la Palestine ou sur le capitalisme révèle ce qu’ils sont vraiment : les représentants d’un féminisme blanc, élitiste et déconnecté, indifférent aux autres formes d’oppression comme la race ou la classe sociale.

Cette médiocrité a des impacts dans nos quotidiens.Le 5 octobre dernier à Lille, des royalistes ont organisé une “marche pour la vie”, une semaine après la Journée mondiale du droit à l’avortement initiée par le Planning Familial. En réponse, un appel féministe antifasciste a été lancé pour occuper la rue et empêcher les fascistes de s’organiser — voir l’appel unitaire “Avortons les fascistes” sur nos réseaux. En réponse à cette appel unitaire, un collectif féministe issu de la gauche libérale locale a refusé d’y participer, estimant qu’occuper la rue donnerait trop de visibilité à nos adversaires. Cette attitude illustre parfaitement la posture morale de ces organisations. Lorsqu’il s’agit de s’opposer concrètement aux dérives antidémocratiques, autoritaires, réactionnaires d’un capitalisme en pleine crise existentielle, elles se réfugient dans une posture morale, par la bienveillance, de dialogue et d’apaisement. Elles ne peuvent nommer les réalités du phénomène ni organiser une riposte sociale conséquente, puisque leur statut, et leur classe sociale les préserve (pour le moment) de l’impact complet du durcissement de l’idéologie bourgeoise.

Pour rappel, notre organisation se revendique de l’écologie sociale, dont le féminisme constitue le cœur idéologique : la libération des femmes, la libération de la société et la libération de la nature sont trois luttes intimement liées et indissociables.

Que faire en réponse ?

Il n’y a rien de possible avec eux pour une transformation radicale de notre société, c’est un fait. Pour l’émancipation de toutes et tous et pour que la classe ouvrière regagne sa dignité, il est même impératif de nous passer des syndicats dans leur forme actuelle. Bien sûr, il est possible de s’organiser localement avec les militants syndicaux sincères. Si ce n’est pas pour socialiser les moyens de production au moins pour mettre un coup d’arrêt aux politiques néolibérales. Et rendre la socialisation possible. Si le syndicat veut pouvoir peser de nouveau, plutôt que de se focaliser sur des entreprises, des branches et des réunions à Matignon, il devrait justement s’évertuer à défendre les intérêts des travailleurs.ses et habitants.es d’un secteur géographique donné. 

Les mouvements des dernières années nous l’ont montré, notre grande force ne vient pas que du nombre, mais aussi de la discipline et de l’organisation. Municipalistes libertaires, nous pensons qu’il n’est pas possible d’avoir de la discipline et de l’organisation sans construire d’appareils réellement démocratiques. Cette construction est possible, en tous cas c’est notre conviction à l’Offensive. On monte collectivement des assemblées populaires dans chaque rue de grande ville, chaque quartier de plus petite ville ou chaque village.

Ces assemblées, ouvertes à toustes se réunissent fréquemment, font un état des lieux de la situation concrète des habitant-es et émettent des propositions en votant à une personne = une voix qui sont appliquées directement si cela est possible. Pour les décisions qui concernent de plus grandes échelles, comme les transports d’une grande ville, on pourra fédérer ces assemblées ultra-locales qui enverront des représentant-es dont les missions auront été votées et qui pourront être révoqué-es immédiatement dans des assemblées intercommunales ou régionales.

Ce fonctionnement directement démocratique est une condition, non suffisante mais bien nécessaire, à l’avènement d’une société qui se libérera des chaînes du capitalisme et des oppressions liées à la race, la classe et le genre des individus. Mieux encore, un tel fonctionnement pourrait également s’appliquer aux entreprises et aux collectivités, comme c’est déjà le cas des sociétés coopératives, nous permettant de nous réapproprier le pouvoir sur nos conditions de travail et de décider de ce qu’on veut produire, pour qui et en quelle quantité. Ceci est incontournable pour voir une véritable société écologique advenir. 

Bien sûr, ce nouveau modèle de société n’adviendra ni demain ni facilement. Il ne verra le jour qu’après un travail acharné de toutes les luttes écologistes et du mouvement social  pour regagner une hégémonie suffisante et faire appliquer leurs principes de fonctionnement sur de larges parts du territoire. Pour cela, il nous faut unir toutes les formes embryonnaires de ce modèle, à condition par les sociétés coopératives, les organisations écologistes,de gauche radicale, et les associations qui respectent les principes cités précédemment, à commencer par la démocratie directe. 

Sans plus rien attendre des ordures au pouvoir,  organisons-nous pour faire advenir une société véritablement écologique et libérée des oppressions dans laquelle chacun-e s’épanouira, passons à l’Offensive !

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