Quelles solutions pourraient apporter le municipalisme libertaire et l’écologie sociale à la question agricole et de la souveraineté alimentaire ?

Depuis plusieurs semaines, le monde agricole européen est en effervescence avec l’Allemagne et la France comme porte-étendards, le mouvement semble gagner la Belgique et l’est de l’Europe.

En France, le mouvement a fait tache d’huile depuis le sud, commençant par l’attaque des camions transportant des aliments venant d’Espagne aux blocages d’axes routiers ainsi qu’à la dégradation de bâtiments publics.

Le mouvement implique toutes les organisations professionnelles du secteur, de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles qui défend une agriculture industrielle et productiviste délétère pour les agriculteurs et pour la planète) à la Confédération paysanne (confédération de syndicats qui défendent une agriculture paysanne soucieuse des conditions de travail et de l’impact sur l’environnement).

Le malaise est ancien et profond. Au sein du mouvement, les mots d’ordre tournent, selon l’organisation, autour de la rémunération, de la dénonciation des traités de libre-échange… La FNSEA, de son côté, appelle aussi à la suppression des normes environnementales.

Une grande partie du monde agricole en France est en détresse parce qu’avec le concours de l’Union européenne, de l’État, de la FNSEA, de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution, les exploitant·es sont écrasé·es par un système productiviste, favorisant l’export et la monoculture. Ce système impacte négativement les conditions de vie des agriculteur·rices tout comme les écosystèmes. La bourgeoisie méprise profondément le monde rural en général et agricole en particulier.

Elle l’essentialise souvent dans la caricature.

Contre tout cela, nous apportons notre soutien aux camarades de la Confédération paysanne et à leurs revendications : « Un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et « Rompre avec le libre-échange ».

Parce que nous savons l’importance considérable qu’a l’agriculture sur l’environnement ainsi que les impacts du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité sur l’agriculture.

L’Offensive est née dans la Métropole européenne de Lille. Cette dernière compte plus d’1 million d’habitante·s répartie·s dans 95 communes. Il s’agit de la métropole la plus agricole de France avec entre 40 et 45 % de terres cultivées par 750 à 800 exploitations.

Malgré les nombreuses initiatives institutionnelles (métropolitaine et communale), il est triste d’observer que les produits vendus dans les commerces du territoire, a fortiori sur ses nombreux marchés, n’ont pas été produits dans les 671 km² exploités.

À titre d’exemple, il est plus facile d’acheter sur le marché de Wazemmes (un des plus gros marchés d’Europe) des fruits et des légumes venant de toute l’Europe que ceux produits et vendus en direct par les producteurs.

À l’Offensive, nous nous demandons ce qu’il serait possible de faire sur un territoire métropolitain géré par des assemblées populaires, autonomes et interdépendantes.

L’idéologie de l’Offensive est le municipalisme libertaire. Celle-ci prône l’organisation de la cité autour d’assemblées populaires à différentes échelles. Ces assemblées populaires autonomes et interdépendantes pourraient, face à l’inflation et à l’urgence climatique, favoriser la création de coopératives de consommation en lien direct avec les producteur·rices de leur territoire. On peut aussi imaginer qu’il y sera question de la gestion de l’eau, de la concentration des terres et de l’artificialisation des sols.

D’un point de vue plus global, ces communes seront réunies dans des confédérations de communes au sein desquelles la planification agricole et écologique sera décidée démocratiquement.

Chaque commune enverra des mandaté·es portant sa voix et ses problématiques à l’étage supérieur.

Ces mandaté·es (élu·es par la base, portant la voix de l’assemblée et révocables à tout moment) mettront alors en place une politique agricole nouvelle et indispensable : plutôt que quelques multinationales qui ne cherchent qu’à enrichir leurs propriétaires, c’est le peuple lui-même qui pourra décider d’une politique qui devra à la fois permettre de nourrir toute la population avec des produits bons et sains, de préserver l’environnement, de garantir de bonnes conditions de vie et une juste compensation de leur travail aux agriculteur·rices.

Une fois les richesses accaparées par la grande distribution et les empoisonneurs (d’agriculteur·rices comme de consommateur·rices) de l’agro-alimentaire récupérées par la collectivité, il deviendra possible, à la fois de sortir les paysan·nes de la misère, d’améliorer leurs conditions de travail grâce à l’usage raisonné et progressiste de la technologie, de nourrir l’ensemble de la population, et de mener les transformations nécessaires pour arrêter de détruire les écosystèmes.

Ceci pourrait apparaître dans un programme pour des élections municipales ou être porté lors d’un mouvement devenant insurrectionnel. En somme pour le moment, c’est de la science-fiction.

Par contre, à l’Offensive nous savons qu’il est possible de réfléchir rapidement à des solutions concrètes, satisfaisant producteur·rices et consommateur·rices, en nous appuyant sur la stratégie du double pouvoir, en sortant des mots d’ordre et des postures, en mettant en place aujourd’hui les mécanismes et organismes qui feront le bonheur de toutes et de tous demain.

Nous vous invitons à nous rejoindre pour construire des espaces où se rencontrent coopératives de consommateur·rices et de producteur·rices, qui nous permettront de participer à la création d’une sécurité sociale de l’alimentation. Il est possible de créer des réseaux d’entraide permettant de court-circuiter l’industrie agroalimentaire et la grande distribution.

Nous vous proposons de construire des structures favorisant l’installation ou la transition vers une production saine, pour répondre aux besoins locaux.

La création de ces coopératives de consommation permettra entre autres d’aider à l’émergence des fermes coopératives gérées par les travailleur·euses.

Par exemple, dans cette optique, le groupe local de L’Offensive des Monts d’Arrée est sur le point d’acheter un champ. L’objectif à court terme est la création d’un réseau confédéral, regroupant tous les acteurs de la chaîne des paysan·nes aux consommateur·rices, en passant par les transformateur·rices et les distributeur·rices.

Produisons, consommons et décidons ensemble.

Construire des espaces militants où il est possible de faire cela est le projet de l’Offensive pour cette année 2024. Dans cette optique, une réunion pour l’ouverture d’un nouveau local, permettant de mettre en place des projets plus ambitieux, est prévue. Nous vous tiendrons informé·es de la date prochainement.

Il n’y a pas d’alternative, passons à L’Offensive.

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